La steppe

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Miaou

« Miaou » est, approximativement le son qui sort de la gueule du félin domestique de petite taille appelé chat et qui correspond au substantif « miaulement ». Les deux mots entre guillemets se ressemblent fortement et ce n'est pas une coïncidence. Les mots, voyez-vous, ne naissent pas par génération spontanée. L'évolution est lente, graduelle et pour la comprendre, il faut connaître de nombreuses choses : le lieu, l'époque et les mœurs des autochtones ; ici, par exemple, l’un vient de l’autre, les deux mots étant liés par leur origine. Eh oui, des années d'études sont nécessaires pour comprendre le fonctionnement d'une langue. Il faut travailler sans relâche, ingurgiter le savoir, se nourrir d'ouvrages savants étouffants, qui ne passent le gosier qu'arrosés abondamment de café, noir, lors de nuits, blanches, dans des petites chambres étudiantes, au dernier étage d'un immeuble bourgeois de la capitale. « Miaou », donc.

Une fois le fonctionnement de la langue acquis, on peut s’interroger sur les liens de famille, comme — restons chez les félidés — celui entre « Miaou », « miaulement », et « Grand timonier » (喵泽东, Miāo Zedong) en passant par le verbe qui découle du premier. On peut ; ça fait passer le temps. Mais au final, ce n’est qu’une transcription imparfaite. En effet, l’animal qui émet le son, le mistigri ou le raminagrobis, ne connaît rien à l’articulation du français — ou alors il cache bien son jeu. Il miaule, oui, mais en jouant sur l’intonation, le rythme, la musique. C’est une symphonie minimaliste qui convoie toute une palette d’émotions. « Miaou », donc, encore.

Y a-t-il un équivalent en français ? Non, définitivement non. Dans d’autres langues romanes ? Toujours pas. Allons voir du côté des langues oghouzes : rien de rien. Et les langues dravidiennes ? Chou blanc. Miaou, miaou… miaou, miaou. Nous pédalons dans la cancoillotte. Le langage humain est visiblement un outil inadapté pour exprimer la pensée profonde du fauve de maison ; et puis traduttore, traditore, ce qui n’arrange pas les choses. Le fait de ne pas connaître la langue n’aide pas non plus. L’animal a faim ? Il veut sortir ? Il veut rentrer ? Il veut dévaliser la banque nationale ? Il soliloque ? Faire une liste exhaustive de toutes les possibilités est un idée : faisons ainsi. Jean-François « Belles rouflaquettes » Champollion a sûrement dû commencer par là, lorsqu’il a déchiffré les hiéroglyphes ; si lui peut le faire, pourquoi pas moi ? Ne répondez pas, vous me décourageriez. Critico, criminale ! Miaou2) !

2)
Cri minou ?