Le palmipède fait parti du club très fermé des animaux mal rangés, comme le pachyderme ou le pithèque. Un vrai fatras : est-ce une oie, un pingouin, un paille-en-queue ? Les pieds sont palmés, c'est un oiseau au long cou et au plumage imperméabilisé ; ça suffira bien comme définition scientifique.
Le palmipède aime l'eau et causer avec ses congénères. C'est un dinosaure sympathique de petite taille, qui n'a pas disparu il y a 66 millions d'années, ce qui est assez suspect. Mettons-le pour l'instant sur la liste des éventuels criminels non-repentis. Tu ne m'auras pas avec tes coin-coins mignons.
La vie de palmipedes est une vie de bohème. Il aime prendre des bains nus, en toutes saisons, peindre, le pinceau au bec, danser Der Ententanz, écrire de sa plus belle plume des historiettes aviaires. Sans le sou, il ne se soucie guère de l'avenir. Fait-il parti du lumpenprolétariat (prolétariat en haillons) puisqu'il n'a nulle guenille ?
Selma Lagerlöf avait bien cerné le mystère entourant l'animal en écrivant les aventures de Nils Holgersson. Un cercle autour d'un cercle ; un symbole ésotérique à n'en pas douter. Petit à petit, les pièces du puzzle se rassemblent. Le détective sait qu'il n'est plus très loin du but. Il récapitule à voix hautes3) à son ami, docteur et ancien d'Afghanistan : « La clé anglaise était sur le sol, juste à côté de la victime, le Dr. Black, dans la bibliothèque. Les traces de pattes palmées ont été retrouvés dans la cuisine, la véranda et le petit salon, alors que nous savons que le palmipède était au-dessus de la Suède ce jour-là. Comment le savons-nous ? Bonne question Charlie. Le dirigeable de von der Leyen, bien entendu ! Ah oui, j'avais oublié le bonhomme. Tout est marqué dans le livre de bord du capitaine. Voyez-vous même : “Jeudi 13 octobre, 11h20 : Satanés bestioles ! Oui, oui, coin coin coin ! Laissez passer l'explorateur !”. Et qui avait accès à la boîte à outils et portait des palmes hors-saison ? Le majordome ! Ça vous en bouche un coin, coin coin, n'est-ce pas ? »