Selma Lagerlöf

Selma Lagerlöf est née, a vécu et est morte en Suède. La Suède est une prison d'où on ne sort jamais, même mort. Enfermée dans une geôle putride du château de Karlstad dans le comté de Värmland, Selma Lagerlöf a lutté toute sa vie pour aller voir ailleurs, à Jérusalem par exemple, c'est joli Jérusalem.

À l'aide d'une petite cuillère elle tenta d'abord de s'évader en creusant un tunnel de trois cent kilomètres en direction du sud. Assez vite, isolée du monde à trente mètres de la surface, elle se prit d'affection pour sa cuillère et, voyant qu'elle l'avait fait trop souffrir, cessa son ouvrage. Revenant dans sa cellule, Selma obtint de ses gardiens du papier et de l'encre, avant tout pour écrire à sa pauvre grand-mère qui devait se faire bien du mouron. Mais son désir de liberté était trop fort.

Après son mariage avec sa cuillère, elle devint madame Selma Sked mais garda son nom de jeune fille pour publier des ouvrages tel que :

  • Le Merveilleux voyage de Jonathan Cuiller au-dessous de la Suède.
  • C'est encore loin Jérusalem ?
  • Désir d'exil.

Le succès ne se faisant pas attendre, Selma Sked démarcha les meilleurs publicitaires pour lui faire décrocher un prix international : une clef pour la liberté, à n'en pas douter. Remportant haut-la-main le prix Nobel, quelle ne fut pas sa déconvenue d'apprendre qu'il lui serait décerné des mains du roi dans les oubliettes du parlement à Stockholm. Soutenue par son mari, elle ne perdit pas pour autant espoir et obtint de ses gardiens un appareil photo, soit-disant pour envoyer des photos de la petite famille — le jeune Niels Skad et la petite Erna Skad étant nés depuis peu — à sa pauvre grand-mère qui devait se faire bien du mouron. Le but était évidemment tout autre : obtenir le prix Pulitzer, un prix américain, oh eh, on va pas lui faire le coup deux fois. Hélas, trois fois hélas, une tempête spatio-temporelle inattendue — les historiens suspectent néanmoins un acte volontaire de la part de la famille royale suédoise — l'envoya septante ans dans le futur, soit en 1983, suffisament loin pour qu'elle puisse obtenir plutôt qu'un prix États-Uniens le prix international de la Fondation Hasselblad, dans les catacombes du musée d'Art de Göteborg, en Suède, des mains de son geôlier.

Pauvre Selma.