Loin

Loin, à ne pas confondre avec son homonyme, se trouve, on eût pu s'en douter, tout au bout, oui, là-bas, enfin, derrière, non, encore au-delà. Pas la porte à côté.

Pour aller loin, il faut, en veux-tu, en voilà, achetez mes dictons ils sont beaux-pas-chers, ménager sa monture. Encore faut-il en être pourvu, de monture. Pourvu qu'on en ait une, on peut cheminer sur, mais si on en est démuni, pas moyen d'avancer. L'immobilisme, ça n'est pas qu'un état d'esprit, fort fréquent en cette fin de siècle, c'est aussi une réalité physique, et pas seulement pour Selma Lagerlöf. Isolation, comme diraient les Anglo-saxons (qui ne sont, je vous le donne en mille, ni Angles ni Saxons, de même qu'un Français n'est, a priori, ni Germain ni Celte), ou isolement, pour tenter de traduire cette notion si délicate. Cornebredouille, rendez-moi la langue d'antan ! Mais je m'égare (aux canards). Retournons à nos mouflons.

Loin est tout sauf accessible, loin s'en faut. Pour aller loin, il faut savoir partir matin. Se lever tôt. Prendre la vie du bon côté, mettre le pied à l'étrier dès la première heure, être audacieux, posséder l'avenir, lire le futur dans les astres, mettre des baffes aux deadlines (ou lignes mortes, pour n'employer que des termes français) et marcher sur la ligne blanche. C'est tout un art, qui demande à la fois ponctualité, pugnacité, et d'autres qualités commençant par P, dont il faudra dresser la liste après avoir dressé la table (couchée !).