Partisan du syncrétisme chiisme duodécimain-vêtements de nuit, Mollah Pajama (ملا پاجامہ) est à la fois un chef religieux pakistanais influent et une figure respectée du monde de la mode. Ne portant rien d'autres que des pyjamas, forts coûteux mais aussi forts seyants, qu'il recouvre, lorsqu'il fait un peu froid, d'une grande robe de chambre molletonnée, il aime à parader dans les rues de la capitale du Pendjab entre deux sermons bien inspirés. Et pour sermonner, il sermonne dur : du soir au matin, après, avant la prière, sur les ondes radios, à la télévision, à tous les matchs de cricket de l'équipe nationale et à tous les défilés de mode de Lahore et de ses environs.
Sous son air bon enfant, Mollah Pajama cache pourtant un terrible secret : il a le carafon fêlé. Ce qui ne serait pas gênant en soi si l'équipe pakistanaise n'avait pas perdu ses deux matchs lors de la première coupe d'Asie de cricket, suite, dit-on dans le monde religio-vestimentaire, à un prêche raté de sa part.
Depuis ce temps, Mollah Pajama n'a pas perdu de son aura, mais il est devenu méchant. Il voue à présent tout son temps libre, soit une ou deux heures par jour, à échafauder des plans contre l'Inde et Sri Lanka – surtout l'Inde, parce qu'elle est plus près. De sa chambre, il envoie des ordres à ses séides saboteurs de l'autre côté de la frontière, grâce à un poste de radio CB récupéré chez son beau-frère camionneur. Heureusement, un héros veille.