La nuit

La nuit… je deviens fou ! Je deviens fou ! Alors mieux vaut dormir, sans doute, ou sortir, s'il on est nyctalope, ou lycanthrope, quand la lune est pleine, pour chanter du Salvatore Adamo, en costume d’Ève ou d'Adam, au choix – mais sans la feuille de vigne ridicule – dans la forêt.

La nuit il fait plus froid que le jour, parce que le Soleil n'est plus là, c'est du moins ce que tentent de nous faire croire les scientifiques. Le doute est permis. Qui nous dit que tout ceci n'est pas un mensonge éhonté pour vendre des crèmes solaires, le jour, et des petites laines, la nuit ? Les sceptiques n'en croient d'ailleurs pas un mot et préfèrent bronzer au clair de lune sur la plage abandonnée. Ce petit groupe aime le doux clapotis des vagues, l'obscurité et les romans gothiques écrits gros, parce que, pour dire vrai, on n'y voit rien.

Pendant ce temps, dans la campagne, le hibou chasse le mulot. Peu porté sur la littérature, ce rapace bubulant, tutubant ou hululant, selon son humeur, n'a, néanmoins, pas le temps de s'ennuyer. Entre deux rongeurs croustillants, il traque le vampire, une gousse d'ail à une patte et un pieu à l'autre, ce qui l'oblige à voler à cinq centimètres du sol en traînant son attirail.

Lorsque la nuit touche à sa fin, le vampire et sa colocataire la stryge rentrent dans leur caveau, du moins s'il sont encore en état de le faire, étant donné que le hibou est un excellent chasseur et qu'il aime aspirer la moelle des petits os de ces suceurs de sang. Le strigidé est un gourmet.