Le Général

S'il fallait nommer une nouvelle constellation, plutôt que d'aller chercher dans le lexique de la botanique ou des créatures imaginaires, c'est dans celui des personnages qui ont fait l'histoire qu'ils faudrait piocher. Et, d'une main hasardeuse, il n'est pas impossible que d'un petit sac noir soit tiré le nom du Général (Charles André Joseph Pierre-Marie de Gaulle qu'il s'appelait le bougre). Applaudissons bien fort le grand magicien !

Grand par le galure autant que par le pas majestueux, le Général est avant tout un être d'illusion, un acteur au phrasé badin chargé de faire oublier que lors de ses années de pouvoir, le véritable maître de la France n'était autre que le grand Georges, le poète aux gros sourcils.

Alors que tout lui souriait, justicier de la nuit œuvrant dans l'ombre pour le bien de tous, survolant la ville endormie pour y dénicher les voyous qui y sévissent et leur infliger une sévère correction, comme tout super-héros qui se respecte, il fut pris d'une envie soudaine de nuire à Pierre Mendès France, à moins que ce ne soit celui de sauver la France1 et décida de faire un coup d'état. Car il faut appeler les choses par leur nom et cesser de donner du crédit à ses interventions burlesques.

Porté par les vents du désert, ce grand tragédien antique, ce prophète d'un nouveau genre, partit réconforter le peuple de France et des colonies, qu'il avait pourtant en sainte horreur, en promettant un désherbage intensif du Sahara à grand coup d'essais atomiques. Alors qu'il se produisait à la salle des fêtes de Tamanghasset (تمنغاست) en compagnie des artificiers du Centre National pour l'Atome à tous les Étages, le Général fut malencontreusement irradié par un quarteron d'incompétents et perdit son pouvoir de voler.

Qu'importe, à bord d'un véhicule motorisé digne d'un héros masqué de bande dessinée italienne, le Général partit ensuite libérer le grand nord canadien de son propre joug. Le Général n'avait plus toute sa tête. Il mourut, dit-on, avalé par un ours mutant robotisé dirigé par Pierre Mendès France de sa base secrète située sur l'île de Baffin. Gloire à sa dépouille.

1. la meilleur stratégie à adopter sur le sujet étant de laisser les historiens se chamailler, nous ne nous étalerons pas sur le vrai et le faux des chroniques de l'époque.