Le cochon est un animal grassouillet idéaliste. Il est aussi un peu poëte mais a de grosses difficultés avec la versification. Le porc n'écrit d'ailleurs que très peu, et très mal. Ses copies sont sales et illisibles. Il faut dire que l'absence de pouce préhenseur n'est pas à son avantage. Fort heureusement, il a un assez beau chant.
Le suidé domestique est un républicain dans le sang. Il abhorre les têtes couronnées et compte même dans son ascendance un magnicide, Jéhan le Goret, qui tua Philippe de France, à Paris, en 1131. S'il avait attendu un tout petit peu plus longtemps, il aurait pu être promu au rang de régicide ; c'est bête. Poursuivi par la garde royale de Louis VI le gros, ce ténébreux verrat se retira dans son repaire de la forêt de Rambouillet où il mena une résistance farouche au souverain potelé avant de déposer les armes et d'être mangé avec des câpres. Triste histoire, qui fait encore pleurer dans les chaumières, les soirs d'été, quand assemblés autour d'un récitant porcin, les porcelets écoutent la geste du bandit magnifique, parce qu'il n'y a rien d'intéressant à voir à la télévision.
De nombreux autres cochons se sont illustrés au cours de l'histoire. N'en citons qu'un.. non, deux… allez, trois, parce que vous m'avez l'air sympathique. Le premier n'est autre que l'abbesse Hildetrude de Soue, ce qui en fait une première. Truie mystique, elle fonda l'ordre de Saint-Nourrain après une vision du divin suidé dans son auge. Elle et ses disciples consacrèrent leur existence à la recherche du divin en se roulant dans la boue tout en grognant. Ils cherchent encore.
Sylvie Fleurot-Fusil, la deuxième, inventa la chaise. Elle ne commercialisa pas son invention, eut une vie modeste, mais trouva le divin. À croire qu'il fallait chercher un peu mieux.
Le troisième n'est nul autre que le célèbre professeur cochon.