La pesanteur

Des tréfonds de l'univers, le vigintisexvirat éthéré de Zil-Blâh, assemblé en cercle, maintient le cosmos en récitant en continu les paroles sacrées de l'Évangile nucléaire¹⁾ que leur a transmis la déesse mère, accompagné d'un harmonium indien et de tambourins.

Du moins, c'est ce qu'il pense, le vigintisexvirat. La communauté scientifique, elle, doute de l'utilité de la chose, les impies. Toujours est-il que, si nous nous bouchons les oreilles et parlons très fort pour ne pas entendre les explications rationnelle des astronomes, nous ne pouvons nier que sans les octopodes de Zil-Blâh, la pesanteur ne pourrait pas exister.

Le poids des choses, puisque c'est de cela dont il est question, fait qu'un corps est plus ou moins lourd ou plus ou moins léger, selon le lieu où il se trouve. La conséquence est que ces choses tombent, sauf dans le cas où elles sont posés sur le sol : on parle alors de chute immobile. Si l'on lâche un objet d'une certaine hauteur, il aura par contre tendance, à la fin de sa course, à se briser, à rebondir, à se poser sur ses quatre pattes, ou à présenter sa face beurrée au sol — c'est le cas du chat de baratte, mammifère mi-félin mi-biscotte.

La pesanteur augmente selon le degré de fatigue du corps qui la subit. Elle est donc, en général, plus importante le matin, au réveil, ou tard le soir. Ne dit-on pas « tomber de sommeil » ? Hmm ? Hmm ? Si cela vous est désagréable, il est heureusement possible de repousser les ondes cosmiques des octopodes musiciens en faisant usage de la lévitation ou en vous arrachant du champ gravitationnel de la Terre à bord d'une fusée. Faites cela discrètement, si vous ne souhaitez pas subir l'excommunication pour avoir défié le vigintisexvirat éthéré de Zil-Blâh. J'ai beau connaître le patron du temple d'à-côté, là, je ne peux rien faire pour vous.

Article associé: l'apesanteur