Quel bel objet, tout de même, que ce sac à patates ! Nombreux sont les poëtes qui l'ont chanté, jadis, telle la grande Annette von Droste-Hülshoff, qui, ça tombait bien, avait une jolie voix et un bon appétit. Après un repas copieux, elle eut, un jour, l'idée audacieuse d'un grand opéra champêtre, Die Nachtschattengewächse. Après une sieste d'une heure, hélas, il n'en resta rien, si ce n'est ce résumé griffonné sur un carnet :
Il était une fois, un sac à patates. Il s’amusait bien avec ses amies les patates, qui s’en étaient fait un ami, un confident, un protecteur. Et puis un jour vint une souris qui mit le bazar dans ce paradis de patate. Attirée par la faim et la bonne odeur des féculents, elle se mit à faire un petit trou dans le sac à patate. Il eut beau rouspéter, rien n’y fit et bientôt le vicieux animal se mit à dévorer Jean-Pierre la patate, un personnage ce Jean-Pierre. Et puis vint le chat. Hi hi fit la souris, qui reçu aussitôt un grand coup dans l’estomac et fut du coup catapultée à l’autre bout de la pièce. Nul ne sait chez les patates ce qu’il advint de cette méchante bête. Peu de temps après, Jean-Pierre fut jeté comme un malpropre alors que le reste de ses compagnons finirent tout joyeux ébouillantés dans une bassine d’huile. Quand au sac à patate, il décida de partir en voyage, au pays des sacs à patates, mais ceci est une autre histoire. Moralité : Jean-Pierre est un nom qui ne porte jamais chance aux patates. N’appelez jamais une patate Jean-Pierre !