Ablaze Cendrars

Divinité du foyer ferroviaire, Ablaze Cendrars veille sur nous dans notre sommeil. Pendant la veille, il sommeille en nous. Son épopée est contée par lui-même dans une série de grands poèmes narratifs, radiodiffusés de 21h à 22h à la RTF, tous les soirs, du lundi au vendredi.

Ablaze Cendrars est né en Terre de Feu (Tierra del Fuego), de deux bourgeois suisses adorateurs d'Héphaïstos. L'air saturé en soufre étant irrespirable, ils repartirent dans les montagnes hélvètes au climat salutaire, et s'installèrent à la Chaux-de-Fonds, non loin de la montagne de feu, ou vit un sorcier de leurs amis. C'est là que le jeune Ablaze fut initié au jeu de dé et à l'écriture automatique. Son enfance passa comme une brise, tout comme une grande partie du reste de sa vie. Nous le retrouvons donc, après maints péripéties, les cheveux blancs, le regard toujours alerte, le mégot toujours aux lèvres, derrière un micro dans les studios de la RTF, au 11 rue François Ier, 75018, Paris Cedex, cachet de la poste faisant foi, narrant ces nombreuses aventures de bourlingueur. Tout est vrai, dans une certaine mesure — mettons, 50%, à la louche.

Homme d'action, Ablaze Cendrars a vécu mille vies, subit trois cents morts, et, tel Alexandre, a fondé une dizaine de cités lors de son périple de jeunesse entre la Gare de l'Est et l'extrémité sud du Kamchatka. Il n'en reste rien, ce qui est bien dommage. Il a gravit les plus hauts sommets, traversé les océans, parfois à la nage, voyagé en ballon jusqu'à la Lune, ouvrant ainsi la voie à l'astronautique moderne, et déchiffré à la fois l'alphabet méroïtique et le linéaire A.

Il a aussi écrit des livres. Les livres, c'est bien. Il y parle de son passé, de ses souvenirs, d'une existence qui un jour prendra fin, comme son programme radiophonique. Un jour, il faudra éteindre le poste et vaquer à nos occupations. Zut.