« La rhubarbe, c'est bien, parce que ça se mange ». C'est par ces mots que Paul Féval commença l'écriture de son premier roman, en 1835, alors qu'il n'était encore qu'étudiant en droit. Peu inspiré, et encore imberbe, l'alors écrivaillon en fit une nouvelle, puis historiette de trois pages, avec ratures, dont une sur la phrase susmentionné. Un bien mauvais début.
L'auteur n'avait pas tort — le pétiole se mange — mais il n'avait pas raison — le limbe est toxique. À n'en pas douter, prendre comme vérité entière les phrases raturées d'un manuscrit de jeunesse d'un écrivain n'est pas une bonne idée. Non, une bonne idée c'est de manger ce qui est bon, comme une tarte à la rhubarbe, sucrée mais pas trop, s'asseoir sur un faudesteuil confortable, un livre à la main et tenter de lire en mangeant sans en mettre partout. Théoriquement, ça tient la route, mais dans la pratique, cela demande une certaine dextérité qui n'est pas à la portée de tout le monde.
Mais élevons nous davantage et allons vers l'excellence : un plan parfait, y compris pour les personnes maladroite. Plutôt que de jouer les acrobates, pourquoi ne pas poser le morceau de tarte sur une petite assiette, puis l'assiette sur une table basse, pas trop loin du faudesteuil où l'on va s'asseoir, avec un livre à la main. J'espère que vous prenez des notes. Je ne me répéterai pas. Une boisson sera également à disposition, dans un récipient au choix, mais le verre Duralex gigogne est, me semble-t-il, idéal. D'ailleurs j'ai 13 ans, c'est marqué sur le fond du verre.