La steppe

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La grande muraille de Miaojiang

La grande muraille de Miaojiang (苗疆长城), située au sud de la Chine est un rempart protégeant le pays du Milieu des Miao hostiles au pouvoir impérial. L'empereur Wanli (萬曆帝) l'a faite construire par ses hommes, ses femmes, ses enfants, sa famille élargie, Pierre-Olivier Malherbe qui passait par là lors de son tour du monde, mais surtout par les Miao, car étant déjà présents sur les lieux, autant qu'ils servent à quelque chose. Sa crainte n'avait alors pas lieu d'être, les Miao n'ayant aucun désir de soulèvement. Les coups de fouets, les chaînes, les horaires décalés et le manque de congés payés, tout ça fut très mal accueilli par ces derniers, qui devinrent hostiles au pouvoir impérial, donnant, par là même, un sens à ce projet jusque là absurde.

Il fut décidé, du côté Miao, de détruire l'ouvrage. Ce fut fait. Le Fils du Ciel le fit reconstruire, mais la main d'œuvre étant passé à l'ennemi, il dut se rabattre sur le frère jésuite açoréen Bento de Góis, qui passait par là, ainsi que les quelques personnes que ce dernier avait converti lors de son voyage. Le religieux portugais mourut d'épuisement en posant la dernière pierre. Celle-ci, et quelques autres prises sur la muraille, furent utilisées pour sa tombe. Voyant que l'ouvrage n'était toujours pas fini, l'Empereur lui-même vint sur place rajouter les quelques blocs manquants. Il campa au sommet de la muraille, avec suffisamment de vivres pour trois semaines, le mousquet à la main, empêchant ainsi l'invasion de son pays par toutes les personnes qui avaient construit le monument — sauf bien sûr lui-même et Bento de Góis qui était assez fier de son ouvrage et aussi un peu mort.

Les assaillants se lassèrent assez vite. Au douzième jour, seul restait au pied de la muraille Pierre-Olivier Malherbe, qui avait bien l'intention de franchir cet obstacle pour se rendre à Pékin y rencontrer l'Empereur. Car, voyez-vous, le voyageur breton ignorait que l'homme au mousquet qui faisait les cent pas au-dessus de lui n'était autre que Wanli, le Fils du Ciel, le Seigneur des dix mille ans, le Pontifex maximus, le Pater patriae, le big boss.

La nuit du dix-septième jour, lors d'une nuit sans lune, pendant que le souverain Ming dormait à son poste, le mousquet toujours à la main, Pierre-Olivier, explorateur de l'impossible, entreprit l'ascension de la muraille. Cela lui fut assez aisé, car il avait pensé à prendre pour son périple, en plus d'un sac de couchage, d'un couteau suisse et d'une carte d'état-major anachroniques, une échelle pliable. Arrivé au sommet de l'édifice, il sauta à pied joint sur le soldat empereur/empereur soldat. L'élasticité du gros ventre du souverain le projeta par delà la muraille, et il finit sa course en haut d'un arbre, à suffisamment bonne distance du mousquet pour ne pas être inquiété.

Devant cet échec militaire cuisant, Wanli pris la décision courageuse de repartir à la maison. La grande muraille de Miaojiang resta debout mais, les écrits sur cette triste épisode ayant tous été jetés au feu, on ignore où elle se trouve. L'argonaute vitréen Pierre-Olivier Malherbe fut très bien accueilli par l'empereur qui n'avait pas pas pu voir son assaillant lors de cette tragique nuit sans lune, ce qui lui évita d'être jeté au feu avec la littérature le concernant.