Les habitants de Bornéo sont remarquables. Et ce, pour plusieurs raisons. Nous n'en retiendrons qu'une seule : la Trombinette.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, vue la présence ici de cette section, la Trombinette n'est pas originaire de l'île de Bornéo, mais bel et bien de Makratoa, un îlot voisin, surtout connu pour sa population de varech polychrome et de mouflons catcheurs (ces deux espèces ont d'ailleurs, récemment, obtenu, sinon le droit de vote, celui de brouter, ce qui peut poser problème, puisque le varech ne broutant pas, et constituant une des principales cibles au broutage des mouflons, il risque bientôt de disparaître pleinement et entièrement de l'îlot, à l'exception des sections les plus glissantes, ou les plus isolées, que les capridés locaux auront peut-être du mal à atteindre, ou tomberont dans la mer, vers une mort certaine, mais nous en sommes tous là).
La Trombinette, donc, est un sport originaire de l'îlot voisin de Makratoa. Elle tire son origine de la relation homéostatique entre les quelques humains prisonniers de la géographie locale et les espèces sus-nommées. Quand un humain makratoain veut brouter, en effet, il n'a qu'à utiliser le puissant appétit du mouflon catcheur pour tenter de précipiter dans les profondeurs de l'océan les bancs de varech occupés, innocents, à sécher au soleil. Pour jouer à la Trombinette, toutefois, nul n'est besoin d'un mouton catcheur, ni même d'une populace varecheuse. En effet, depuis quelques siècles, on assiste à une délocalisation de la Trombinette, et de ses praticiens, vers l'île de Bornéo, qui, du fait de sa proximité et de son rayonnement, a toujours exercé sur les esprits faibles et pusillanimes des habitants de Makratoa, une attirance irrésistible, à l'épreuve des balles, étanche par beau temps.