La vérité, tout comme cet article dont je commence à peine la rédaction, n'existe pas encore. Elle vagabonde dans les limbes de la pensée. Elle se posera, certainement, à la fin, sur le point final qui clôturera l'exercice. Difficile tâche, alors, de la définir, puisqu'elle n'est pas encore entrée en scène.
Ne perdons pas un temps précieux en tentant d'en donner une définition. Permettons la confusion des esprits, l'erreur, le mensonge, même, mais mettons néanmoins une barrière abstraite pour éviter la désorganisation : la vérité existe (puisque je l'ai rencontré) ; ou du moins, elle va exister (puisque je vais la rencontrer ; vous aussi d'ailleurs).
Elle sera belle, elle sera sauvage, indomptée, inébranlable. Elle sera. Nous voilà dans une impasse. Pourquoi avoir choisi un sujet qui nous dépasse et qui n'est même pas encore là ? Sautons sur cette caisse, que nous voyons devant nous, posée contre le mur qui nous fait face, et tentons d'escalader cet obstacle pour continuer de l'autre côté. Attendez, je vais vous faire la courte échelle ! Si l'on ne peut parler de la vérité future, parlons d'une passée. Mais la vérité n'est-elle pas unique ? Aucune idée. Sans doute courons-nous derrière des chimères — Rodrigue as-tu du cœur ? Peu importe !
Le fait est qu'on ne sait pas grand chose, mais ça, au moins, on le sait. C'est mal dit, c'est assez cliché, mais cela a l'avantage, et je ne crois pas me tromper en le disant, d'être une vérité — simple, évidente, petite, inodore, et soluble dans l'eau. Passons à la vitesse supérieure : s'il y a une vérité ultime, c'est au bout que nous la trouverons. Ah ! Le recours à une lapalissade, m'a permis, une fois encore, d'échapper à un écueil : dire qu'une chose est vraie sans aucun argument solide pour l'étayer. Ceci étant dit, cela ne rendrai pas pour autant la chose fausse. Hop, là encore, vérité. Je la mets dans ma besace : la pêche est bonne ! Mais que vois-je devant mes yeux ébaubis ? Ne serait-ce point le fruit de notre quête, notre Moby Dick, nous Capitaine Achab (Captain Ahab) ? Je prends mon harpon imaginaire ; je vise, je lance… et je rate, parce que je manque d'entraînement. Ne pourrais-je donc jamais l'attraper ? Elle est pourtant là, à ma portée, la vérité.
Article associé : Le mensonge