L'antéarchaïsme, à ne pas confondre avec le supraréalisme, bien qu'ils aient tout deux le même nombre de lettre, est un mouvement pseudo-artistique ayant pris naissance il y a plus d'un siècle au cœur même de la municipalité de Saint-Louis-du-Ha! Ha!, au Québec ; c'est du moins ce qu'en disent ses ardents défenseurs, esprits enflammés aux allures baroques, leur accent canadien pouvant tromper l'oreille non avertie du quidam quelconque, que nous appellerons « untel » par commodité.
D'un point de vue strictement philosophique, et donc pédant, n'ayons pas peur des mots et des insultes, l'antéarchaïsme se place en-dehors du monde tel que nous le vivons, au niveau des archétypes d'avant la création du monde. L'intention première de celui qui manie l'antéarchaïsme, telle une machette pour se frayer un chemin dans la jungle des grandes villes, est de venir au moment précédant le premier instant, afin de le sublimer, parce qu'il n'y a pas grand chose de plus beau que le sublime. De manière plus concrète, il s'agit avant tout de retourner, sans s'encombrer d'une pesante machine à remonter dans le temps, à l'époque ou le pompidolisme (l'archaïsme par excellence avouons-le) n'avait pas encore détruit par bétonnage intensif les trois-quarts du monde connu et d'y mener une lutte acharnée contre l'empire malévole des véhicules motorisés. L'antéarchaïste zélé, lui, aura à cœur d'aller d'avantage en arrière, pour, exemple parmi tant d'autres, trucider l'arrière grand-père, alors encore enfant, de celui qui a de vieux chameaux soit Zoroastre (Zaraϑuštra) et ainsi modifier à jamais l'histoire du monde. Ceci dit, sans machine à voyager dans le temps, ce n'est pas chose facile. Saluons donc ici le courage de tels individus fanatiques, que nous nommerons « untel bis » par simple dégoût de la commodité.