Le pigeon est un oiseau commensal du méchapompidolisme, faute d'avoir les armes nécessaires pour en être un parasite affiché. Sa tenue gris acier, autrefois faite de plumes, s'est modifiée d'elle-même avec le temps pour devenir une carapace de titane laminé, sauvant ainsi l'espèce de l'extinction et de la ringardise. Ce que l'animal y a gagné en prestance il l'a perdu en légéreté, devenant une proie facile pour les grands rapaces urbains. Fort heureusement pour lui, ces derniers furent les premiers, faites venir à moi les petits enfants, à tomber morts asphyxiés, tout dur et tout froid, dans la guerre contre les voitures.
L'activité principale du pigeon, en plus du largage intempestif de son trop plein intestinal sur cible humaine, est le ping-pong, non pas par goût du sport ou par envie de briller, mais par appât du gain, ou plutôt devrais-je dire, appât du grain. Le « r » fait tout, qu'il soit ou non grasseyé. Car un pongiste, fût-il plongeur en tongs aux Tonga, gagne bien sa vie en cacahuètes, sans en avoir l'air.
Lorsqu'un pigeon réussit, après un match épuisant, à remporter un championnat du monde de tennis de table, il n'a souvent qu'une idée en tête : s'acheter un voilier pour naviguer sur les océans du globe. Mais dépourvu de main pour tendre des billets au vendeur potentiel, il laisse en général tomber ; c'est d'ailleurs une chose tout à fait naturelle chez lui, preuve en est des statues de bronze et guano des grands figures de l'Histoire qui, du haut de leurs piédestaux, s'immobilisent le temps d'une éternité.