Anubis (𓇋𓈖𓊪𓃣), le dieu funéraire cynocéphale en charge de la pesée du cœur des personnes défuntes aime son métier et sait s'adapter au changement. Lors de la fusion-acquisition de sa compagnie par la dynastie ptolémaïque, il accepta sans broncher l'union de son service avec celui de la gestion du courrier, et de se combiner avec Hermès (Ἑρμῆς).

Lors du rachat de l'entreprise déclinante, il y a de cela mille neuf cent cinquante et quelques années par les disciples de l'Oint, Hermanubis ( Ἑρμανοῦβις) resta à son poste, ayant plusieurs siècles d'expérience à son actif et étant, à n'en pas douter, le spécialiste incontesté à la fois de la psychostasie et de l'affranchissement postal. Le gardien des nécropoles messager est, sans aucun doute possible, un élément irremplaçable de l'organisation — c'est en tout cas le discours du directeur des ressources humaines qui sait caresser dans le sens du poil le divin canidé. Si vous ne l'avez jamais vu au travail, ne vous inquiétez pas : votre tour arrivera tôt ou tard.

D'une main experte, il tare la balance, fabriquée selon ses exigences dans les forges divines, situées en Terre de Feu, et livrée en seulement deux heures par lui-même à lui-même, puis pèse le cœur des cadavres fraîchement fauchés par la mort. Pendant son temps libre, il s'adonne à la philatélie tout en mâchouillant un os prix sur le de cujus, qui n'en a plus besoin. S'il n'y avait pas la paperasse, ce serait un métier de rêve.

Respectant la séparation des pouvoirs, il ne juge pas. Il est d'ailleurs assez indifférent à l'avenir des pauvres bougres condamnés. Il est bien conscient que tout ceci n'a pas beaucoup de sens et qu'il n'est, en fin de compte, qu'un concept abstrait permettant aux humains de ne pas être envahis par le désespoir face à une mort définitive et inéluctable : une raison de plus pour lui d'aimer son travail.