Sentinelle imperturbable et solitaire, la Mort scrute l'horizon à la recherche d'un être en fin de vie. En un instant, la voici sur sa proie. Automate sans émotion, elle ne se laisse jamais amadouer par le baratin de sa victime. D'un coup de patte elle lui ôte le souffle, et envoie une copie carbone à la divinité en charge des Enfers. Elle ne se soucie guère de la dépouille. En un demi-tour habile et mécanique, elle repart, s'élance, et, en un bond, rejoint la nacelle de son aéronef.

La Mort, est une machine bien huilée ; elle ne chôme pas. Lorsqu'elle ne fait pas le guet dans la stratosphère à bord de son dirigeable indégonflable, elle gère la paperasse, sur son grand ordinateur dans une grotte inaccessible au commun des mortels, au pied du mont Kinabalu. Elle est aidée dans cette tâche administrative répétitive, par son fidèle homme de main Renato, qui est également un excellent jardinier et un mécanicien hors-pair.

Funeste figure, plantée sur son embarcation céleste, la Mort regarde le monde de sa longue-vue et choisit soigneusement un par un les eucaryotes dont elle va se saisir. Elle est crainte de tous, du plus faible au plus puissant, de la méduse au tarsier en passant par le serin à gros bec. On peut l'apercevoir, par temps clair, traverser les Alpes, d'est en ouest dans sa Montgolfière aux couleurs de l'AS St-Étienne — eh oui, on peut être un robot messager de la destruction et aimer le beau jeu.