Alors que déjà hier n’est plus qu’un souvenir et que demain se fait encore attendre, l’instant présent, pour un temps assez court nous en conviendrons, est toujours là, ou, pour ne pas sombrer dans le flou de la langue, « ici ». Il ne va pas nous faire faux bond, lui, au contraire du passé qui disparaît déjà à l’horizon.
Il faut agir vite. Les secondes sont comptées. Face à nos responsabilités, pas le temps de soupeser le pour et le contre, de prendre en considération tous les facteurs : un choix doit être fait ; il en va de l’avenir de notre personne, et peut être même davantage si nous nous trouvons à Waterloo, que nous sommes maréchal et marquis de Grouchy et que nous plantons le décor au mois de juin 1815 : hic, donc.
La tergiversation n’a pas sa place ici. L’action immédiate irréfléchie, voilà le but à court terme. Laissons le cerveau au vestiaire, ce gros amas de cellules culpabilisant, qui aura bien tout le temps, une fois la décision prise, de nous faire regretter notre précipitation. Il n’avait qu’à anticiper notre inconséquence.
Nunc, c’est aussi une réponse à la question, la seule qui vaille la peine d’être posée, même si le temps nous manque pour le faire. C’est là que cet article vient à notre secours — car non seulement il nous permet de la poser, mais aussi d’y répondre, quoique assez mal. Le texte pourra-t-être relu à loisir, à tête reposée, à pieds dans un bain au gros sel, et même si l’instant présent reviendra alors de plus bel pour nous faire agir imprudemment, nous aurons eu la bonne idée de l’enfermer dans un bocal bien fermé, posé sur une table basse, pour qu’il ne puisse pas gâcher notre lecture en faisant tomber la lourde encyclopédie dans l’eau du bain (de pieds), ce vaurien.
Et donc, quelle est la question, mise à part celle que nous posons à l’instant au début de ce paragraphe ? Quando ? Quand quoi ? Mince, nous voilà avec deux questions pour le prix d’une seule. C’est avantageux, certes, mais cela demande maintenant — nunc — davantage d’effort pour y répondre. Alors, répondons sur-le-champ : « quand ? », maintenant ! Voilà, ça vous apprendra à ne pas écouter : la réponse a déjà été donnée au début du paragraphe précédent. Quando quid ? Quand prendra fin cet article, bien sûr. La réponse : pas plus tard que maintenant. Nunc.