L'écriture

L'écriture doit son invention, il y a un paquet d'année, à la lumière de la pleine lune, dans les tréfonds de ce qui deviendra plus tard le Gansu (甘肃), à une femme et un homme, shabadabada shabadabada. Ce binôme eut l'idée épatante de mettre noir sur blanc sur le papier les premiers signes qui deviendront, quatre ans et huit mois plus tard, la première écriture. La chose ne fut pas aisée.

La première difficulté fut de trouver du papier. Ils n'en trouvèrent point. Avaient-ils seulement bien cherché ? Il se rabattirent sur l'écorce d'un genévrier qui poussait par là.

Deuxième problème : le noir à mettre sur le blanc, soit l'encre avec laquelle écrire. Le chemin fut long jusqu'à l'océan, ce royaume aqueux des céphalopodes. Le couple (ils avaient fondé une famille en attendant, hé, pourquoi pas ?) reçut une fin de non recevoir de la part du souverain tentaculé. Ils en profitèrent pour marcher longuement sur la plage, avec des gros plans, des ralentis et autre niaiseries de ce genre.

Ils revinrent dans leur pays natal, avec trois enfants, dont un jumeau (le deuxième ayant été vendu pour payer les billets de retour). Faute d'encre, ils utilisèrent un canif et gravèrent sur le genévrier susmentionné le premier mot, puis, portés par leur élan, la première phrase. Comme ils avançaient assez vite ils continuèrent avec un paragraphe, deux, trois chapitres, douze et s'arrêtèrent après 450320 signes, parce que le jumeau était revenu et qu'il n'était pas content d'avoir de tels parents.

Comme c'était plus un galop d'essai qu'autre chose, le texte n'avait que peu d'intérêt stylistique. Ça manquait cruellement d'illustrations. Alors l'homme, à moins que ce ne soit la femme, décida d'écrire une tome II sur l'arbre d'à côté avec des petits mickeys, un sommaire et des notes de bas de page. C'était mieux.