Le beau

Le beau, est avant tout un lieu de perdition pour âmes égarées, un miroir aux alouettes qui n'est que roupie de sansonnet. L'oiseau, majestueux, fier, braillard et guerrier le sait mieux que quiconque, lui qui hulule, margaude, glottore et se trémousse soir et matin, car il est l'hôte de ces bois. Le beau est avant tout individualité, ultime vanité, crédo de l'ego qui construit un mur d'incompréhension de peur d'être assailli par le laid et sa petite sœur la mocheté. Pourtant elle l'aime bien le beau, la mocheté. Elle mérite mieux que de s'apitoyer sur son sort. Et même si elle n'est qu'une notion, c'est un être humain comme les autres.

En fait non, la démonstration tombe à l'eau et se noie. Paix à son âme égarée en ce lieu de perdition qu'est l'univers liquide. Mort aussi au poëte qui écrit ces lignes, noyons le immédiatement avec sa muse et son lyrisme obscène. Bloub.

Le beau est un élément clef dans la recherche de nourriture et la perpétuation de l'espèce. Il est, par mutation absurde et dérive décadente, celui qui invite à dépenser tout son héritage, ou le fruit d'un labeur quotidien lorsque l'on a pas la chance d'être rentier, pour l'apparence, le futile, le vêtement fachon et la chirurgie esthétique.

Dans la culture homo sapiens, l'action débilisante de la masse étant extrêmement forte, le beau est fade et affreusement coûteux, alors que pour le même prix il est possible de se remplir la panse avec d'avantage d'exotisme dans les mirettes. On lui préférera donc sans hésitation le joli, dont l'esprit de camaraderie fait plaisir à voir.