Opération Torpedo

L'opération Torpedo fut la Rolls-Royce des missions délicates, la Cadillac des coups tordus, la Bentley des barbouzeries françaises.

L'opération, primordiale pour la grandeur au pouvoir du Général et le maintien de la France (et inversement), se serait déroulée dans le plus grand secret au début de l'année 1969. Ce fut un échec cuisant qui chamboula non seulement l'avenir, avec, en conséquence direct de cette opération ratée le premier choc pétrolier, mais aussi le passé, avec un mai 1968 paisible laissant place à un mouvement social dont la grande Asperge se serait bien passé.

Car, vous l'aurez compris, il s'agissait, pour le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage d'utiliser, le voyage dans le temps pour, je le répète pour ceux au fond qui n'ont pas écouté, je ne vous félicite pas, grandir d'avantage l'homme du 18 juin – d'au moins dix centimètre – et empêcher que l'Hexagone ne devienne le jouet de Richard « Tricky Dick » Nixon ou de Leonid « sourcils » Brezhnev (Леонид «Брови» Брежнев), ces grands enfants.

Personne ne connaît vraiment les détails de cette opération, sauf sa finalité – dois-je répéter à nouveau pour le petit groupe qui ricane au fond ?

Comble de malchance, la machine se dérégla et finit on ne sait quand, on ne sait où, avec à son bord son inventeur, un scientifique fantasque, Anton Voyl, et trois cagettes d'œufs.